Denys CoutagneExultet Roman
Devenu jeune homme, Matthieu Maulnois soupçonne pour lui une vocation religieuse, après l’expérience fulgurante vécue, encore enfant au cœur des Alpes. Avril 1964, il choisit de passer quelques jours au couvent des dominicains de l’Arbresle, construit par Le Corbusier. Il arrive un mercredi saint, soucieux de participer aux offices du Triduum Pascal. Intégré à la vie d’une commu- nauté forte de personnalités surprenantes, Il y vit une expérience radicale qui culmine dans l’hymne Exultet : Qu’exulte de joie dans le ciel la multitude des anges...
Matthieu saisit comme étant une seule et même chose la Modernité architecturale, la Liturgie (version alors grégorienne), la Mort et Résurrection d’un homme survenue près de vingt siècles plutôt. Cette “révélation” s’accompagne d’une certitude nouvelle : aucune œuvre d’art ne pourra jamais atteindre la profondeur de ce qui lui est donné de vivre lors de cette semaine sainte.
Une adéquation s’établit entre la splendeur des offices liturgiques et l’image douloureuse d’un homme crucifié. N’y aurait-t-il pas là l’expression d’une beauté encore jamais exprimée : la croix comme le lieu même où le Fils révèle la gloire du Père ? Il n’y aura pas assez des anges pour célébrer ce Mystère ! Chanter ou ne pas chanter l’Exultet devient un enjeu d’une extrême gravité. L’épreuve de Matthieu (mais pas de lui seulement) sera à cette aune-là.
Matthieu restera quelques mois dans l’Ordre dominicain comme novice. Les évènements de mai 1968 secoueront la communauté de manière violente. Matthieu devra partir : la réalité du monde le prendra à la gorge : il goûtera La cendre du jour.
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